De la première pierre de lecture jusqu’aux lunettes de créateur actuelles, l’histoire des lunettes est constituée d’une incroyable série d’innovations.
À quand remonte l’invention des lunettes et quelles en furent les grandes étapes ?
Tour d’horizon d’un accessoire d’érudit devenu objet du quotidien.
L’invention des lunettes, de la pierre de lecture aux besicles clouantes
Si le pouvoir réfractif de certaines pierres était connu dès l’antiquité, leur premier usage dans un dispositif de vue correctif, lui, reste incertain.
Théorisé par les travaux d’Alhazen, scientifique arabe de la fin du 10e siècle, le pouvoir grossissant des lentilles est prouvé par le britannique Roger Bacon au 13e siècle.
Philosophe, savant et alchimiste devenu moine, celui-ci est à l’origine de la pierre de lecture, l’ancêtre de la loupe, une pierre de cristal taillée à poser sur un texte pour en grossir les caractères.
Le dispositif aurait ensuite été vulgarisé par les moines dominicains Spina et Giordano, à Pise, avant de gagner les monastères de toute l’Europe.
Quant à l’invention des lunettes ? Elle est généralement attribuée au physicien florentin Salvino d’Armati, auto-désigné comme l’inventeur des lunettes par son épitaphe.
Il s’agit alors de besicles clouantes, deux lentilles convexes en verre de Murano enchâssées dans des cercles de bois, cuir ou corne.
Ces cercles sont reliés par des manchons cloués ensemble qui forment un « V », à poser sur le nez.
Tout d’abord rares et réservées à l’élite intellectuelle, ces besicles se démocratisent avec l’augmentation de la demande engendrée par l’invention de l’imprimerie, en 1440.
Une histoire de lunettes et de montures
Le pont central est le premier élément moderne à faire son apparition : dès le 15e siècle, les besicles perdent leur clou pour se doter d’un pont arrondi en bois, cuir, corne, métal ou écaille.
Au fil des siècles suivants, elles se dotent de ficelles ou de rubans pour un meilleur maintien, mais le pince-nez et l’absence de branches demeurent.
Il faut attendre 1728 et l’opticien anglais Edward Scarlett pour voir apparaître des demi-branches à plaquer sur les tempes, adaptées aux perruques alors en vogue.
À mesure que les perruques disparaissent, les branches s’allongent et s’incurvent pour s’accrocher derrière les oreilles, d’où leur surnom de « lunettes à oreilles ».
Au 18e siècle, monocles ou binocles à tenir à la main ou à pincer sur le nez continuent toutefois à les concurrencer, jusqu’à l’invention du support nasal par l’opticien parisien Poulot, en 1857. Les lunettes modernes sont nées.
Une histoire de lunettes et de verres
L’invention des lunettes s’accompagne d’innovations successives quant aux verres correctifs.
Si les verres convexes adaptés à la presbytie sont la norme jusqu’au 15e siècle, les verres concaves corrigeant la myopie sont mentionnés pour la première fois en 1451.
En 1752, les lunettes à verres teintés voient le jour grâce à l’opticien anglais James Ayscough.
Puis en 1825, le physicien George Airy crée les verres correcteurs pour l’astigmatisme, avant l’apparition des verres progressifs inventés par l’opticien et ingénieur français Bernard Maitenaz… plus d’un siècle après, en 1959 !